Vélosolex, la bicyclette qui roulait toute seule.

Publié le par Michel Le Fouineur

Véritable symbole, le Vélosolex a traversé la seconde partie du XXe siècle. Après la guerre, il est devenu une figure emblématique du quotidien des Français et pourrait bien, aujourd'hui, continuer de briller. Retour sur la naissance d'un mythe.
Les grandes histoires démarrent souvent par une rencontre. C'est celle de deux hommes, Maurice Goudard et Marcel Menneson, qui a donné naissance à la marque Solex. Ils se trouvent ensemble sur les bancs de l'Ecole Centrale au début du XXe siècle et fondent l'entreprise Solex en 1905. Rapidement, la société grandit grâce à ses radiateurs et carburateurs et devient une référence mondiale dans la fabrication de moteurs, de l'automobile à l'aéronautique. Mais Solex a bien d'autres projets en tête. Dès 1917, Marcel Mennesson dépose un brevet pour un vélo à moteur. Aucune production n'est cependant réalisée.
Il faudra attendre l'année 1946 pour voir les premiers Vélosolex sillonner les routes de France. Le principe ? Placé sur la roue avant, un petit moteur entraîne un galet frottant sur le pneu, et assure ainsi la motorisation du vélo. Ces nouveaux engins sont produits à Courbevoie, à la cadence de quinze machines par jour. Un an plus tard, c'est au tour de la Solexine de faire son apparition. Il s'agit d'un mélange d'essence et d'huile spécifique pour le moteur d'un Solex. 
Très vite le Solex remporte un franc succès, il devient l'emblème de l'économie française d'après-guerre. Compagnon indispensable des Français, il fait figure de moyen de transport de masse. Le Solex séduit aussi bien l'ouvrier que l'étudiant en quête de liberté, lassés de pédaler. Facile d'emploi, économique et fiable, il est utilisé par tous, aussi bien en ville qu'à la campagne. Dans les années 1970, Solex organise même un tour de France qui réunit plusieurs milliers de participants et passionne de nombreux téléspectateurs. 
Le Solex, véritable icône, connaît un succès mondial. La production ne cesse de croître. Au fil du temps, différents modèles rejoignent l'original et l'équipement se complète : une boîte à outils sur le porte-bagage, un éclairage, une béquille pour assurer la stabilité.
En 1974, Motobécane prend le contrôle de Vélosolex. L'entreprise suspend la fabrication de certains modèles, directement en concurence avec des produits de sa gamme. Devenu bientôt MBK, le propriétaire effectue quelques modifications, mais les ventes chutent. Et malgrè la popularité du Solex, la production s'arrête en 1988. Pourtant le Solex continue de faire parler de lui et sillonne encore les routes de France. La nostalgie gagne de nombreux adeptes que l'on surnomme les "solexophiles". Ils sont nombreux à se retrouver sur la toile pour discuter de leur bijou à moteur. Et si les usines ont fermé, le commerce des Vélosolex continue. Sur les sites web de vente aux enchères, les collectionneurs se les arrachent à prix d'or.
Après vingt ans d'absence, les amoureux du Solex peuvent désormais se consoler de sa disparition. Aujourd'hui, le mythe est à nouveau réalité. Le roi des vélomoteurs est revenu mais sous un autre nom : l'e-solex. A l'origine de ce projet, Jean-Pierre Bansard, président du groupe Cible, qui rachète la marque à l'entreprise Magnetti Marelli. En effet, ce nouveau modèle est passé à la propulsion et le moteur n'est par ailleurs plus à l'avant mais à l'arrière. Sa nouvelle ligne a été conçue par un coup de crayon magique du célèbre désigner italien Pininfarina. Le nouvel engin du XXIe siècle propose une ligne plus moderne que son aïeul, mais respectueuse du modèle original. Facilement maniable, il est peu encombrant et surtout écolo.
Autre avantage : avec l'e-Solex, les excès de vitesse se font rares. Il ne dépasse pas le 35 km/h et son autonomie est d'à-peu près une heure. Une durée largement suffisante pour éviter le trafic des centres-villes.
Le nouveau-né aura-t-il le même succès que son aîné ? Certains puristes en doutent, comme le fils du fondateur de Solex, Bernard Menneson : "Je peux me tromper mais je ne crois pas vraiment à cette renaissance. Aujourd'hui, les conditions ont tellement changé. Les transports en commun se sont développés, l'utilisation de l'automobile également. Et puis, surtout, l'administration a fait tout ce qu'il fallait pour rendre l'usage du Solex compliqué : le port du casque, les assurances, les rétroviseurs, tout cela n'a plus aucun rapport avec une bicyclette." Pourtant, depuis décembre 2006, 3 000 e-Solex ont été vendus et 5 000 demandes sont en attente. Une cadence à laquelle les usines ne peuvent répondre qu'au goutte-à-goutte. Les années à venir révéleront si le Solex a su faire face au XXIe siècle. Une chose est sûre : il figure d'ores et déjà parmi les véritables institutions françaises.

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(source : Directsoir n° 162 lundi 4 juin 2007)

Publié dans général

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