Michelin, histoire d'un paris gonflé.

Publié le par Michel Le Fouineur

D'une entreprise familiale auvergnate à une multinationale leader mondial des pneumatiques, Michelin a su se développer tout au long du siècle, dans le respect des valeurs de qualité, de sécurité et d'innovation.
C'est un produit austère - bien qu'indispensable - et pourtant Michelin a su rendre le pneu presque séduisant grâce aux nombreuses innovations technologiques et à l'entremise d'un personnage sympathique et connu de tous : le Bibendum. Autre marque d'originalité, cette enseigne du CAC 40 a tenu à conserver son siège en province, à Clermont-Ferrant, berceau de son succès.
C'est là, en Auvergne, que les frères Michelin, André le plus âgé et Edouard, prennent la tête en 1889 d'une société dans le caoutchouc, créée par Aristide Barbier et Edouard Daubrée en 1832. Sous le nom de Michelin et Cie, l'entreprise se lance alors dans l'invention d'un patin de frein en caoutchouc : "The Silent" (le "Silencieux")
Un jour de l'année 1891, un cycliste arrive à l'usine pour se procurer de quoi réparer les bandages collés sur la jante de sa bicyclette. Mais à l'époque, ce genre de travail nécessite plusieurs heures de travail et une nuit entière de séchage. Edouard Michelin imagine alors ce que pourrait être un pneu facilement réparable. LA même année, l'entreprise dépose les premiers brevets de pneus démontables et réparables en un quart d'heure. La victoire du cycliste Charles Terront sur ces nouveaux pneus Michelin, lors de la course Paris-Brest-Paris, permet de les faire connaître au grand public.
Les frères Michelin se spécialisent ainsi dans le pneu pour vélos, mais ils croient déjà en l'avenir du pneumatique pour véhicules, car si cela marche pour l'un, cela devrait fonctionner pour les autres moyens de transport.
Ils en donnent la preuve en 1895, lors de la course automobile Paris-Bordeaux-Paris. Pour ces 1200 km de routes, André et Edouard conduisent "l'Eclair", un véhicule qu'ils ont eux-mêmes construit et qui est équipé pour la première fois de pneumatiques. Ils n'en sortent pas vainqueurs, de cette compétition, mais l'exploit est là : il est désormais possible de "rouler sur l'air". Une révolution qui offre plus de confort, une économie de carburant et un gain de vitesse. En 1898, la voiture électrique "Jamais contente", équipée de pneus Michelin, franchit le mur des 100 km/h. Sept ans plus tard, l'usine installée près de la place des Carmes couvre désormais sur 30 hectares et s'étend même hors des frontières de l'Hexagone. Dès 1906, Michelin installe sa première manufacture à l'étranger et fait le choix de Turin. Ensuite, ce sera au tour des Etats-Unis, à Milltown, dans le New Jersey.
"Michelin a toujours cherché à connaître les besoins des clients, avant de mettre un produit sur le marché", explique Stéphane Nicolas, historien du patrimoine Michelin. C'est ainsi que la marque invente, en 1913, la roue de secours en acier démontable, puis en 1923 le premier pneu pour véhicule de tourisme à basse pression le "Confort", capable de parcourir 15000 km.
Les inventions se succèdent, toutes plus ingénieuses les unes que les autres. En 1929, naît la "Micheline", équipée d'un pneu pour le rail. L'année qui suit, Michelin dépose le brevet du pneu à chambre incorporée. Et en 1932, apparaît le "Super-confort", à très basse pression. Contre les dérapages, l'entreprise crée le pneu "Top", sculpté de lamelles, en 1934. Mais la grande innovation sera celle du pneu radial, dont la carcasse est constituée d'une ceinture métallique en fils d'acier formant des arceaux droits. Michelin dépose le brevet en 1946 et applique cette nouvelle technologie aux poids lourds en 1952, aux engins du génie civil en 1959, aux avions en 1981, et aux motos en 1984. Pour l'historien, le radial a vraiment achevé de développement mondial de Michelin, sous la direction de François Michelin, petit-fils du fondateur Edouard, resté aux commandes de l'entreprise de 1955 à 1999. C'est d'ailleurs lui qui érige le groupe au rang de numéro un mondial du secteur.
En 1994, sous l'impulsion d'Edouard Michelin, le fils de François, le groupe lance le pneu "Energy" à faible résistance au roulement. Réduire ce facteur permet de faire des économies de carburant, ce qui doit ainsi diminuer les émissions de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Ce thème est une priorité que le groupe s'est fixée dès ses origines.
"Michelin est une entreprise qui a une longue expérience et qui défend aujourd'hui des valeurs qu'elle a toujours défendes, comme l'économie de carburant, le respect de l'environnement et la sécuritéé, explique Stéphane Nicolas.
Et pour promouvoir ses valeurs, Michelin est toujours à l'affût de nouvelles idées, de nouveaux matériaux, de nouvelles architectures de pneus. L'entreprise compte 4500 chercheurs sur 120000 personnes et consacre 4 % de son chiffre d'affaires en recherche et développement. Ce qui est énorme", ajoute-t-il.
Autre force de Michelin : sa structure juridique en commandite par actions qui la protège des offres d'achat hostiles. "Sa structure juridique offre à l'entreprise une très grande stabilité qui lui a permis de traverser les crises. Cette structure remonte déjà à l'époque des frères Michelin, qui étaient des gens extrêmement visionnaires", précise Stéphane Nicolas. Cette structure a sans doute facilité la prise de fonction de Michel Rollier comme gérant de l'entreprise, suite à la mort d'Edouard Michelin en mai 2006. Cette même année, Michelin est numéro un mondial, au coude à coude avec la japonais Bridgestone, avec une production répartie sur 69 sites industriels dans 19 pays, et s'élevant à 190 millions de pneus.
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(source : Directsoir n° 179 mercredi 27 juin 2007)

Publié dans patrimoine

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