Le magicien de l'image.

Publié le par Michel Le Fouineur

A l'heure du tout numérique, le Vosgien Marc Kereun continue de faire de la photographie comme au milieu du XIXe siècle.
"Faire un daguerréotype, c'est construire une image de A à Z avec la matière première. C'est aussi faire renaître une émotion disparue", explique Marc Kereun. Dans ses mains, un cliché aux reflets argentés incomparables s'illumine dans la lumière rasante du matin.
Cette image unique, tout ce qu'il y a de contemporaine, a été réalisée sur la base d'un procédé disparu il y a plus de 150 ans, à l'aube de l'invention de la photographie. Une technique que cet amateur vittelois pratique depuis plus de 30 ans, au départ d'un pari un peu fou.
- J'avais acheté à un brocanteur un boîtier 9x12 qui fonctionnait avec des panfilms en plastique. En riant, j'ai parié avec le vendeur que je reviendrais le prendre en photo.
Et ce qui fut dit fut fait. Cette première incursion dans l'univers chimique lui donne envie de poursuivre l'aventure. A Rouen, où il demeure alors, Marc Kereun fait la connaissance de Bernard Lefèvre, le photographe du général Leclerc, imposant donateur du musée Niepce.
- Il avait une collection extraordinaire et possédait notamment l'un des trois daguerréotypes originaux existant encore au monde.
Plongé dans cet univers d'un autre temps, Marc Kereun retrouve de vieux écrits, fait des essais de prise de vue et de développement. Jusqu'à devenir une référence dans ce registre photographique. Au point qu'il a été bombardé président de l'association Daguerre en janvier 2007.
Sa maîtrise est à ce point avancée qu'il est désormais sollicité de partout dans le monde. Récemment, le musée Carnavalet lui a demandé un fac similé d'un daguerréotype de Thibault montrant les barricades parisiennes de 1848. Il a également restauré une image de Daguerre représentant l'église de Bry-sur-Marne. A l'automne 2005, plusieurs de ses images ont été exposées aux Etats-Unis, au Silver Center of Photography de Pittsbourg.
- Je photographie essentiellement des natures mortes et des éléments d'architecture.
Dans les Vosges, il a notamment réalisé des daguerréotypes du Grand hôtel de Vittel, du cloître et de la cathédrale de Saint-Dié.
Consultant pour différentes organisations internationales, le Vittelois prépare par ailleurs une thèse sur les héliochromes (la version couleur et polaroïd du daguerréotype).
- Mes travaux sont achevés. Je cherche un labo qui puisse me faire des analyses de surface. J'ai besoin de comprendre comment se créait la couleur dans les couches des émulsions, explique-t-il.
A ce jour, seuls une vingtaine d'héliochromes sont recensés dans le monde. Et trois sont des oeuvres de Marc Kereun.
( source : Jean-Marc Toussaint ; est magazine du dimanche 1er juillet 2007)

Publié dans général

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