La Haute-Bruche (Bas-Rhin) regagne ses pâturages.
Cette région du Bas-Rhin est devenue, en quelques décennies, le royaume des résineux aux dépens de l'agriculture. Une situation retournée de main de maître.
Dans le Bas-Rhin, autour de la ville de Schirmeck, sur le versant alsacien du massif forestier du Donon, la vallée de La Haute-Bruche a connu son apogée économique dans la première moitié du XXe siècle, avec l'essor du textile et la vitalité de son agriculture.
Puis la crise industrielle et l'exode rural ont bouleversé son territoire, peuplé d'ouvriers et de paysans. Certes, de nouvelles usines ont créé de nouveaux emplois dans la vallée, mais nombre de parcelles agricoles ont été gagnées par la friche ou dévorées par l'avancée des résineux. La forêt, qui occupait 35 % des terres en 1950, en couvrait 75 % trente ans plus tard ! Cette situation a forcé la communauté de communes de la haute vallée de la Bruche à réagir.
- Il n'y a pas de fatalité au déséquilibre entre les espaces agricoles, bâtis et forestiers, affirme Jean-Sébastien Laumond, chargé de mission dans cette structure intercommunale.
Sur 400 hectares étendus autour de 25 villages, 18 associations foncières pastorales ont été créées, qui regroupent les propriétaires et les citoyens passionnés de leur paysage autour d'un même projet : ouvrir les milieux forestiers, reconquérir les herbages en lieu et place des ronces et des sapinières.
Coupes de bois, débroussaillages, entretien des fossés, aménagement de clôtures et de points d'eau... Toutes ces initiatives entreprises par les habitants, encouragées par la communauté de communes, financées par l'Europe, l'Etat et la région Alsace, ont permis l'installation de nouveaux agriculteurs (25 en 1990 contre 50 aujourd'hui). Pendant ce temps, les maisons et fermes, jadis léchées par la forêt, ont retrouvé de la lumière, des coulées vertes bordées de pâturages ont relié les villages autrefois enclavés, et la Bruche, belle rivière peuplée de truites farios, a été dégagée au grand jour.
- Bref, on a été acteurs de notre paysage, conclut Jean-Sébastien Laumond.
(source : Pélerin n° 6500 28 juin 2007)