Toujours à chercher la petite bête...

Publié le par Michel Le Fouineur

Le Nancéien Daniel Wambach s'est fait une spécialité des clichés d'insectes. Dont il révèle la beauté et la face cachée...
- Photographier des insectes, c'est un peu une chasse. Sauf qu'au lieu de les tuer, je les immortalise.
Daniel Wambach a le sens de la formule. Et le goût du paradoxe. Car ce fou de paysages, qui dit n'aimer rien tant que le silence de la nature, la solitude de longues marches sur les sentiers, ne saurait pas ailleurs se passer de ses ordinateurs - c'est son métier - et de l'environnement technologique indispensable à la finalisation de ses clichés.
Franchies les portes du visible, le jeune photographe nancéien a choisi d'explorer un monde insoupçonné. Pour révéler la structure d'une patte, la géométrie d'un oeil...
- Ça ne m'intéresse pas de montrer un insecte juste pour le plaisir de photographier un animal minuscule. Je veux capter un personnage, saisir une expression, un sentiment, un geste, une attitude, une mimique, un regard qui vont presque le rendre humain.
Comme cette guêpe groggy, saisie à la sortie d'une fleur, complètement shootée par le pollen. C'est pour cette même raison qu'il négligera le bourdon "pas photogénique du tout, tellement poilu que sa tête et ses yeux se confondent avec le reste." Bref, rien à en tirer... le portrait.
Au fur et à mesure de ses progrès, Daniel a cultivé comme une sorte de sixième sens. En tout cas une vraie proximité avec ses modèles préférés :
- Je leur parle. Je suis un peu gaga, c'est sûr.
Patient aussi. Pour crapahuter sur tous les chemins de France, ou encore rester couché immobile tout une après-midi devant une fleur de pissenlit dans l'espoir qu'un hôte s'y invitera.
L'expérience a fait de lui un mutant.
- En me baladant, je repère maintenant des choses qui échappent aux autres personnes.
Le jeune trentenaire pousse même le vice à baptiser ses sujets préférés. La coccinelle acrobate, adepte du saut périlleux, c'est Lilou. 500 clichés au moins au compteur. Une star ! D'autres, moins gâtés par la nature, héritent de sobriquets, "souvent le nom de gens que je n'apprécie pas", s'amuse Daniel.
C'est en colonie de vacances que l'ado a découvert la photo.
- J'avais 15 ans. J'ai été fasciné par le côté magique.
La suite est classique. Le voici animateur d'un atelier dans une MJC, superviseur de la réalisation d'un roman photo et apprenti... chimiste dans le petit labo installé chez luis.
- Je me suis lancé dans l'abstrait.
 Sans grand succès. Car ce sont ses photos d'insectes, envoyées sur un site Internet pour y êtres jugées qui lui valent en retour les commentaires les plus élogieux.
Daniel a trouvé sa voie. Et le goût de traquer des journées entières une araignée sauteuse ou encore de courir après un coléoptère "pour le fatiguer afin qu'au bout de trente sauts, il se pose enfin sans bouger !" Un rayon de soleil, quelques heures de liberté et aussitôt Daniel part en expédition.
- Ce printemps exceptionnellement chaud a été un bonheur. Une véritable explosion de toutes les espèces. Certaines d'ailleurs que je n'avais jamais rencontrées.
Pour parvenir à ses fins, le photographe a développé toute une stratégie.
- L'idéal est de sortir au petit matin. Après une grosse averse aussi. Mais il ne faut pas de vent. Et se faire discret : pas de couleurs vives, ni de parfum.
L'important est ensuite de garder son calme.
- j'ai fait une année de tir. Ça m'aide pour maîtriser ma respiration au moment de déclencher.
Et s'épargner de grosses déceptions.
- Au début, le déchet est énorme. Quand je ne rentrais pas bredouille, il m'arrivait de rapporter 300 clichés, tous... inexploitables. Aujourd'hui, j'arrive à disposer de vingt photos possibles sur 350 prises.
Toutes seront retravaillées jusqu'à la perfection.
- C'est l'avantage du numérique. Pourquoi conserver une vilaine tache sur une feuille, une ombre portée gênante, ou bien encore se priver de rehausser un contraste un peu faible ?
Lilou la coquette apprécie. Aucun risque qu'on la surprenne en vol avec les ailes fatiguées. Quant aux points noirs, les seuls visibles seront ceux qui orneront ses élytres !
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(source : est magazine du dimanche 1er juillet 2007)
 

Publié dans personnage

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