Chaumont (Haute-Marne) à l'ère glacière.

Publié le par Michel Le Fouineur

Enterrée dans les sous-bois, la glacière de Chaumont-le-Bois, véritable ancêtre du frigo, fonctionna jusqu'au début du XXe siècle.
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La Haute-Marne s'enorgueillit de posséder à Saint-Dizier le plus grand frigo d'Europe. Long et large de 80 mètres, haut de 38 mètres, l'entrepôt de la société Cogesal-Miko, leader sur le marché français des glaces, fait figure de géant. Plus au sud, le département présente, à une échelle bien plus réduite, un équipement étonnant qui, sans remonter à l'ère glaciaire, plonge aux racines de la conservation des aliments. Bien avant la mode de la géothermie, Chaumont avait sa glacière. Totalement intégrée au site et ne consommant, comme énergie, que l'impressionnant travail des hommes.
- C'est l'ancêtre de nos frigos, souligne Guy Page, guide bénévole de l'office du tourisme qui fait visiter l'endroit.
De l'extérieur, le promeneur ne la remarque pas. Tant elle se fond avec le sous-bois ombragé de
Chaumont-le-Bois, un quartier de la ville. La glacière est complètement absorbée par la pente. Rien de très visible. A peine une ouverture (aujourd'hui bouchée) à même le sol. Pourtant, il s'agit d'un énorme oeuf en maçonnerie de 6,50 m de haut et de 3 m de diamètre. Au total, près de 20 mètres/cubes enterrés.
L'ensemble, qui fonctionna jusqu'au début du XXe siècle, a été réalisé en 1850. Auguste Petit, entrepreneur ayant fait fortune lors de la construction du tunnel de Balesmes, s'installe à Chaumont. Le riche bourgeois fait bâtir une maison cossue sur un parc. Et, chasseur, i commande la construction d'une glacière où il pourra entreposer sa venaison. Il n'existait à l'époque aucun moyen de produire du frais. L'hiver, paysans et employés du domaine vont chercher la glace là où elle se trouve, et cassent le manteau gelé des rivières, étangs et autres lacs... Leur récolte était ensuite péniblement remontée, dans des brouettes, à dos d'ânes ou sur des charrettes jusqu'aux hauteurs de Chaumont-le-Bois. Une fois le fond de la glacière recouvert d'une épaisse couche de glace isolante, les chargements sont déversés dans le puits grâce à l'orifice d'alimentation aménagé au sommet de la coupole. Ils s'écrasent avec fracas. Tous les soirs, il faut descendre au fond du puits pour "caver" la glace. Concassée, arrosée, celle-ci se transforme en un énorme glaçon.
La conception de l'équipement est ingénieuse. Le fond a la forme d'un entonnoir. Le trou placé en son centre permet l'évacuation de la glace fondue. La construction ayant été effectuée en haut d'un bord de falaise, l'écoulement se fait rapidement.
A l'intérieur, la température, voisine de zéro degré, permet d'accueillir les viandes d'animaux domestiques ou celles du gibier tué durant l'hiver.
- La glacière fonctionnait jusqu'au mois d'août, souligne Guy Page. Après, il ne restait plus qu'à attendre les frimas de l'hiver et à se remettre au travail. La fée électricité aboli les servitudes des saisons.
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(source : Philippe Marcacci ; est magazine du dimanche 22 juillet 2007)

Publié dans patrimoine

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