Michel Serrault, un comédien guidé par sa foi.
- Quelle trace aimerais-je laisser après ma mort ? Eh bien, j'aimerais qu'on dise que tous mes choix artistiques ont été guidés par ma foi chrétienne, déclarait Michel Serrault à Pélerin en septembre 2001.
Le comédien était alors à l'affiche de Une hirondelle a fait le printemps, de Christian Carion. Il y incarnait Adrien, un paysan bougon et méfiant, qui doute de la jeunette venant reprendre sa ferme.
- Mais il va apprendre à la connaître, expliquait l'acteur. Combien de fois peut-on se tromper sur les gens !
Une pique habille, lancée, l'air de rien, à ceux qui pouvaient douter de ses convictions religieuses. Lui qui avait fait rire la France des années 1960 avec La cage aux folles. Qui avait joué Le miraculé, une satire sans complaisance de Lourdes et des marchands du temple, de Jean-Pierre Mocky. Car, dans l'art des contre-pied et des fausses pistes, Michel Serrault était expert.
- Quand il y a des excès, il faut les dénoncer. Pourquoi faudrait-il que je reste à l'écart sous prétexte qu'on critique ma "chapelle", justifiait l'acteur, avant d'ajouter :
- Mais attention ! Tout le monde n'est pas à mettre dans le même panier. Chez les prêtres, j'ai vu plus de saints que de bandits.
C'est justement à un prêtre parisien d'origine belge, le P. Van Hamme, qu'il doit sa carrière :
- Il m'a permis de partir en vacances. J'ai servi la messe pour lui. Il m'a fait entrer au petit séminaire. Il a célébré mon mariage, m'a accompagné pour l'enterrement d'une de mes filles et celui de ma mère. Je ne l'appelle plus mon Père, mais mon frère. Il est l'incarnation du christianisme comme je voudrais le vivre, écrivait le comédien dans sa biographie.
Croyant, catholique pratiquant, Michel Serrault s'en est allé, à 79 ans, habité par cette foi en Dieu et en l'autre qui lui ont fait traverser les âges et les épreuves de la vie :
Croyant, catholique pratiquant, Michel Serrault s'en est allé, à 79 ans, habité par cette foi en Dieu et en l'autre qui lui ont fait traverser les âges et les épreuves de la vie :
- L'amour, c'est ce qui compte par dessus tout. Ne disons pas aux gens qu'il faut croire en Dieu. Invitons-les à accomplir des gestes d'amour. Car de petits gestes en petits gestes, on s'approche du Christ. Et le Christ mène à Dieu.
Le comédien luttait avec dignité, depuis plusieurs mois, contre la maladie, entouré de Juanita, son épouse depuis cinquante-cinq ans, de sa fille et du P. de la Morandais, prêtre du diocèse de Paris.
- Notre vie est un passage, tout le monde en a conscience, confiait-il en janvier à un confrère qu quotidien La Croix. Je suis lucide sur le temps qu'il me reste...
Un projet pourtant lui tenait encore à coeur : incarner à l'écran M. Pouget, rendu célèbre par Jean Guitton.
- Un homme de foi extraordinaire, mort à 80 ans, aveugle et dépossédé de tout. Mais là encore, il faut que certains puissent comprendre qu'on peut croire en Dieu et être intelligent.
La maladie ne lui a pas laissé le temps de concrétiser ce dernier rêve.
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Catherine Ogier ; Pélerin n° 6505 du jeudi 2 août 2007.