Economie - Un besoin de règles nouvelles.
(par Paula Boyer, rédactrice en chef ; Pélerin n° 6507 du jeudi 16 août 2007).
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Va-t-on vers l'effondrement d'un château de cartes ? Ces derniers jours, la crise de l'immobilier partie des Etats-Unis a rebondi et pris des allures de crise financière des deux côtés de l'Atlantique, obligeant les banques centrales, ces gendarmes de la monnaie, à venir au secours des banques commerciales, y compris européennes, qui ont spéculé hors de raison. Les banquiers centraux essaient ainsi d'éteindre un incendie qu'ils ont contribué à allumer en relevant les taux d'intérêt. Bien sûr, si les prix des logements s'effondrent, il y aura des gagnants : les nouveaux acquéreurs. Tandis que ceux d'hier, qui ont acheté à prix d'or et à coups de crédits, seront en difficulté. Ainsi va la vie dans une économie mondialisée, largement soumise aux marchés financiers, où l'indépendance est la règle. Certes, au fil des ans, des progrès ont été réalisés dans la prévention et la gestion de ces crises à répétition, mais des leçons sérieuses ont-elles jamais été tirées ? Bulle Internet hier, bulle immobilière aujourd'hui... si les crises n'ont pas toujours la même physionomie, elles ont toutes, en arrière-plan, la prééminence des marchés financiers sur l'économie réelle, celle qui produit des voitures, des maisons, des ordinateurs ou des yaourts. Avec désormais, en toile de fond, l'émergence de l'Inde et surtout de la Chine qui décollent en pompant des quantités extraordinaires d'or noir et d'or vert. Le plus inquiétant, c'est sans doute l'envolée des prix agricoles et alimentaires qui en résulte et la spéculation qui l'accompagne. Car ce sont les consommateurs, surtout les plus modestes, qui, in fine, paieront la note dès la rentrée. Un signe ne trompe d'ailleurs pas : depuis quelques semaines, les indices qui mesurent le moral des Français sont en berne. Car chacun sent qu'il n'a guère se prise sur les événements. Plus l'économie financiarisée fonce dans le mur, plus le manque de régulation se révèle patent. Depuis plus de vingt ans, à chaque secousse grave, les gouvernements s'émeuvent, promettent, mais aucun instrument sérieux n'a été mis en place pour encadrer les marchés boursiers et financiers. Or, plus de 2000 milliards de dollars y changent de mains chaque jour sans qu'ils aient le moindre mot à dire ! D'où l'urgence de règles de jeux nouvelles, plus morales, qui n'empêchent cependant pas la liberté d'entreprendre.
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(Paula Boyer, rédactrice en chef ; Pélerin n° 6507, jeudi 16 août 2007)