L'immigration, l'inutile surenchère.

Publié le par Michel Le Fouineur

(par René Poujol, directeur de la rédaction, Pélerin)
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C'est un bien mauvais service qu'a rendu au gouvernement et à sa majorité, Thierry Mariani, député UMP du Vaucluse, en déposant un amendement prévoyant de soumettre à des tests génétiques les candidats au regroupement familial. Les débats sur l'identité nationale et l'immigration ont fortement marqué la campagne de l'élection présidentielle. Il ne fait aucun doute que la proposition de Nicolas Sarkozy de substituer une immigration "choisie" à une immigration "subie" a contribué à sa victoire. Que l'on s'en réjouisse ou que l'on s'en désole, les Français, dans leur majorité, ont souhaité porter un coup d'arrêt à l'accueil d'étrangers dans notre pays où leur intégration pose problème. Dans une démocratie, ce choix s'impose donc au gouvernement. Le projet de loi élaboré par Brice Hortefeux, ministre en charge du dossier, entend exiger désormais des candidats à l'entrée sur notre territoire la maîtrise des rudiments de notre langue ; et demande à leurs proches, qui se proposent de les accueillir, le revenu minimum permettent leur intégration. Il n'y a rien là de très choquant sauf à rappeler - ce qu'ont fait nombre des responsables politiques et religieux - que le droit de vivre en famille est inaliénable et reconnu comme tel dans la Charte européenne des droits de l'Homme. Fallait-il, à ces nouvelles dispositions, ajouter la proposition d'un test ADN visant à prouver le lien biologique entre les enfants candidats à l'immigration et leur parent présent en France ? Même facultative ou simplement provisoire, cette mesure est d'autant plus choquante qu'elle contredit le droit français. Dans notre pays, il existe un consensus pour considérer que les liens de filiation ne peuvent se réduire à leur seule dimension biologique. L'adoption en est l'illustration la plus manifeste. Comment imaginer appliquer, sur notre sol, des dispositions différentes pour les familles françaises et étrangères ? La France a adopté des lois bioéthiques qui interdisent la pratique de tests génétiques, en dehors des procédures judiciaires ou des nécessités de la recherche. Des principes moraux aussi essentiels pourraient-ils, demain, devenir facultatifs, dès lors qu'il s'agirait de familles étrangères ? l y a, dans cette surenchère inutile, des ferments de régression démocratique inacceptables. Si le Sénat devait, à partir du 2 octobre (2007), confirmer le vote à minima des députés, il appartiendrait alors au Conseil constitutionnel de rappeler que la Vox Populi, exprimée dans les urnes, ne nous autorise pas à légitimer, sur l'immigration comme en tout autre domaine, des principes contraires aux valeurs de notre pays.
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(source du texte : Pélerin n° 6513 du jeudi 27 septembre 2007)

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