Paris - La place des Vosges, sur les pas de Victor Hugo.

Entre 1832 et 1848, Victor Hugo habita cette place, l'une des plus belles de Paris (France). Aujourd'hui, sa maison reçoit les admirateurs du célèbre écrivain.

D'abord, un peu d'histoire. Longtemps, ce lieu s'appela Place Royale et prit son nom de place des Vosges en 1848. Dès l'origine - c'est la plus ancienne place de Paris -, son harmonie architecturale parfaite en a fait l'un des sites les plus admirés de la capitale. Par exemple, le poète Gérard de Nerval écrivit :

- Rien n'est beau comme ces maisons du XVIIe siècle dont la place Royale offre une si majestueuse réunion. Quand leur face de briques entremêlées et encadrées de cordons et de coins de pierre et quand les fenêtres hautes sont enflammées des rayons splendides du couchant, vous vous sentez à la voir la même vénération que devant une cour des parlements, assemblées en robes rouges à revers d'hermine.

Aujourd'hui, rien n'a changé - depuis les années 1960, la place est protégée par le "plan de sauvegarde du Marais". Découvrir cette place dans sa globalité puis l'arpenter, maison après maison, porte sculptée après porte sculptée, escalier monumental après escalier monumental, procure toujours un vif plaisir.

A part le Pavillon du roi, situé au centre du côté sud, et celui de la reine qui lui fait face sur le côté nord, tous les édifices de la place sont semblables : les pavillons actuels font quatre travées de largeur et sont composés d'un rez-de-chaussée à arcades (où vous découvrirez aujourd'hui antiquaires et salons de thé), de deux étages carrés et de deux étages de comble. Ici, le maître mot est : harmonie. Harmonie des formes, des volumes, des couleurs. Et ces harmonies conjuguées confèrent au lieu une grande sérénité, que ressent le visiteur. Ingratitude de l'histoire, on ignore le nom de l'architecte qui dessina la place des Vosges, soeur jumelle de la place ducale de Charleville-Mézières : fut-ce Androuet du Cerceau, Métezeau, Chastillon ?... Le centre de la place des Vosges est occupé aujourd'hui par le square Louis XIII, bordé de rangées d'arbres et dont les quatre fontaines sont alimentées par l'eau de l'Ourcq.

Au-delà de son harmonie architecturale, des souvenirs historiques qu'elle abrite et de son implantation au coeur du quartier très "branché" du Marais, la place des Vosges offre aux visiteurs un autre motif d'intérêt : la maison de Victor Hugo. Le poète s'installa en 1832 au n° 6, au deuxième étage de l'ancienne hôtel de Marion de Lorme. Loin d'être insensible au prestige de l'adresse et au statut qu'elle lui conférait, il y vécut seize ans et y écrivit plusieurs chefs-d'oeuvre, notamment ses pièces Marie Tudor ou Lucrèce Borgia.

L'appartement était composé d'une antichambre, d'une salle à manger, d'un salon, de plusieurs pièces desservies par un corridor, de vastes cheminées, de trois chambres de domestiques, d'une cave... La décoration était mi-gothique mi-romantique, avec des meubles extravagants, qui ont malheureusement été dispersés par son épouse, Adèle, lorsqu'elle suivit son mari en exil.

Mais les descriptions faites par des visiteurs permettent de se représenter les lieux avec précision. L'appartement présentait une particularité qui ravissait le poète, dont la fidélité conjugale n'était pas la qualité première : une porte dérobée donnant sur l'impasse Guéménée, qui jouxte la maison, lui permettait de s'échapper du domicile. A une époque, il avait l'habitude, après avoir franchi cette porte dérobée, de descendre la rue du Petit-Musc, toute proche, puis d'entrer dans l'arrière-boutique de la boulangerie de la Herse d'Or, à l'angle de la rue de la Cerisaie, pour y retrouver la boulangère...

A proximité immédiate de la place, les promeneurs pourront découvrir les beautés architecturales du quartier du Marais : l'hôtel de Sens, l'hôtel de Beauvais, le palais Soubise, l'hôtel de Sully ou le musée Carnavalet, rue de Sévigné, qui présente de riches collections sur l'histoire de Paris. Mais c'est aussi un quartier très vivant, à la pointe de la mode... Hier et aujourd'hui s'y côtoient en harmonie. En harmonie comme les maisons de la place des Vosges.

¤¤¤¤¤

(source : Notre Temps/Jeux novembre 2007)