Goya, fastes et ténèbres, jusqu'au 23 09 2007

Publié le par Michel Le Fouineur

au musée du Château et au Musée Beurnier-Rossel à Montbéliard (Doubs)
Tous les jours (sauf le mardi) de 10 à 12 h et de 14 à 18 h.
Tél. 03 81 99 22 61
Sur le net, ici.
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Le fanatisme, la cruauté, la misère. Goya n'a eu de cesse de dénoncer ce tryptique. Il les connaissait bien, ses ennemis. En témoigne la série "Les Désastres de la guerre", visible au musée Beurnier-Rossel. Réalisé entre 1810 et 1820, ces gravures constituent sans doute l'aspect le plus sombre de l'oeuvre de l'artiste. Un homme infiniment blessé par la Guerre d'indépendance et par les exactions napoléonniennes. "Ce sont des bêtes fauves", "Elles ne veulent pas" (le viol), "Funestes pressentiments de ce qui va arriver" (un condamné à mort) : les titres dramatiques viennent renforcer les horreurs représentées. Pendus, pilleurs de cadavres, corps vivants jetés dans une fosse : à chaque fois, Goya est du côté des victimes. Jamais, alors que c'était la tendance, il ne magnifie le patriotisme, ni les soldats ni telle action héroïque. Il entreprend de montrer, à l'inverse, le puissant empire de la souffrance et de la mort. Pour lui, la guerre abaisse ses acteurs, elle les corrompt et les fait se complaire dans la barbarie. Une vision "moderne" (on peut même y voir les prémices de "Guernica" de Picasso). Qui explique à quel point ces gravures nous touchent. Beaucoup plus en tout cas que celles de l'imprimeur montbéliardais Deckherr, sur le même sujet, placée en regard. Imagerie populaire d'un côté, réalisme noir de l'autre. Admirable. Même si à travers cette série, une des dernières oeuvres de l'artiste, Goya clame haut et fort qu'il a perdu sa foi en l'être humain.

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