Surcouf, maître des mers.

Publié le par Michel Le Fouineur

(par Frédérk Gersal)
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Surcouf est l'un de nos plus grands corsaires ! Au service du roi, ce Malouin régna en maître dans l'Océan Indien, attaquant et capturant la marine anglaise.
Corsaire, pirate, il ne faut pas confondre ces deux termes. Le mot "pirate" vient du grec "piran" et du latin "pirata" qui signifient "essayer". Il désigne donc, à l'origine, celui qui essaie, qui entreprend. Et qui, en l'occurrence, essaie de prendre des vaisseaux et entreprend leur pillage... Le mot "corsaire", lui, vient de l'italien "corsaro", dérivé de "cursus", signifiant "course". Le terme désigne les marins qui pratiquent la course, c'est-à-dire la capture de vaisseaux marchands ennemis.
Le corsaire agit donc officiellement, au nom de son propre pays, de son souverain. Il est toujours muni d'une lettre de marque, autorisation de franchir la frontière pour effectuer un raid sur le territoire ou dans les eaux de l'ennemi. Mandaté par son pays en cas de guerre, le corsaire verse à l'Etat une partie de la valeur de ses prises. Parmi les corsaires devenus de véritables héros, citons Jean Bart, Duguay-Trouinet, surtout, Robert Surcouf.
C'est le 12 décembre 1773 que Surcouf voit le jour à Saint-Malo. Son père est receveur des douanes, ce qui vaut à la famille une certaine aisance. Sa mère songe à le faire entrer dans les ordres.
Mais le jeune Robert est plus que tout attiré par la mer. Dès qu'il le peut - à treize ans -, il embarque comme mousse à bord d'un brick. En moins de quatre ans, il reçoit le grade d'officier qui vient souligner son courage et ses dispositions pour la navigation.
En réalité, la vie de corsaire de Robert Surcouf avait véritablement débuté en 1789 lorsque, à dix-sept ans, il embarqua sur l"Aurore", un vaisseau navigant en direction des Indes. A l'occasion de ce voyage, Surcouf découvre l'île de France - qui deviendra l'île Maurice - où il va passer de nombreuses années. Même si loin de la métropole, on finit par apprendre na nouvelle de la Révolution puis de la mort du roi. Alors, sur cette terre du bout du monde, on arme une flotte autonome pour se protéger d'éventuelles agressions anglaises.
Devenu capitaine à vingt ans, Surcouf va passer la plus grande partie de sa carrière de corsaire dans l'océan Indien. L'abordage des navires anglais et la confiscation de leur chargement sont destinés à ravitailler l'île Bourbon - future île de la Réunion - et l'île de France. Au total, pendant sa vie de corsaire, Surcouf a capturé 47 navires : un exploit unique !
Parmi les innombrables actes héroïques menés par Robert Surcouf au commandement de son vaisseau la "Confiance" dans les mers du sud, on peut se souvenir de la prise de deux bateaux hors du commun : le "Triton", en 1796, et, surtout, le "Kent", en 1800.
Le combat entre la "Confiance" de Surcouf et le "Kent" est resté mémorable. Le Kent est un vaisseau de la Compagnie des Indes jaugeant 1200 tonneaux et armé de 40 bouches à feu. La lutte entre les deux a débuté à l'aube du 7 octobre 1800 lorsqu'un marin de la Confiance vient prévenir le capitaine Surcouf que la vigie a aperçu un point à l'horizon au bout de sa longue-vue. Aussitôt, Surcouf saute hors de sa couchette et rejoint la dunette. Le matelot de vigie installé à une quinzaine de mètres au-dessus du pont donne ses informations :
- Navire en vue, capitaine ! Sous le vent à nous, par le bossoir de bâbord, presque sous le soleil !
Surcouf prend sa longue-vue et scrute l'horizon dans la direction indiquée.
- Par où gouverne-t-il ?
- Au nord !
- Est-ce qu'il est gros ?
- Très gros, capitaine !
La lutte sans merci entre les deux bateaux et la victoire remportée à l'abordage va faire entrer Surcouf dans la légende. Quelques mois plus tard, il décide de s'installer définitivement à Saint-Malo, où il devient un important armateur. Il a vingt-huit ans seulement. Il arme de petits bateaux destinés à la course, un domaine qu'il connaît mieux que personne. C'est ainsi qu'en 1812, il fait construire un petit cotre corsaire de soixante-dix tonneaux, le "Renard". Surcouf en confie le commandement au capitaine Emmanuel Leroux-Desrochettes. Lors d'un affrontement avec la goélette anglaise "Alphéa", en septembre 1813, le capitaine perd un bras ; il mourra deux semaines plus tard, à vingt-cinq ans. Mais lors de ce combat, il était parvenu à envoyer l'Anglais par le fond...
Ce fut le dernier combat victorieux de toute l'histoire de la Course en France. Le "Renard" était armé de dix canonnades de huit et de quatre canons de quatre, avec un équipage de quarante-neuf hommes. Un an après cet exploit, le tribunal de commerce de Saint-Malo prononce la liquidation de l'armement en course du corsaire le "Renard".
Âgé de quarante et un ans, Surcouf, retiré à Saint-Malo, se marie et profite de sa fortune... jusqu'à sa mort en 1827.
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(source : Notre temps/jeux n° 261 d' août 2007)
 
 
 
 

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