Jacques Martin - Une grande figure s'en va.

Publié le par Michel Le Fouineur

Il s'est éteint à l'âge de 74 ans, ce matin, dans un hôtel de Biarritz où il avait élu domicile. Dès l'annonce de son décès, les principales stations de radio ont modifié leurs programmes, laissant la place à l'émotion de nombreux auditeurs.
Parmi les réactions officielles, la ministre de la Culture Christine Albanel a salué un esprit "impertinent". L'impertinence était, bel et bien, la marque de fabrique de Jacques Martin, lui qui fustigeait les "bourgeois intellos", souvent critiques vis-à-vis de ses émissions.
Le petit rapporteur, qu'il crée avec quelques complices en 1975, deviendra l'une des premières émissions satiriques. Jacques Martin n'hésite pas à se déguiser en mitron pour s'introduire à l'Elysée afin d'y livrer des petits fours. Autour de lui, Daniel Prévost et son compère Pierre Desproges, Pierre Bonte, Stéphane Collaro et Piem, entonnent avec lui la chanson qui deviendra un succès : A la pêche aux moules.
L'objectif de cette émission est de regarder l'actualité sur un mode humoristique, tendre, explique Jacques Martin. Le succès est au rendez-vous : tous les dimanches, à 13 h 30, vingt millions de téléspectateurs se précipitent devant leur petit écran. De quoi faire grincer quelques dents. TF1, chaîne sur laquelle est diffusé Le petit rapporteur, est encore une chaîne publique. Jacques Martin sait qu'il peut être censuré. D'où cette formule avec laquelle il termine ses émissions : "A dimanche prochain, peut-être."
Ce matin, parmi les réactions de ceux qui l'ont accompagné, comme de ceux qu'il a inspirés, revenait régulièrement une référence à son humour. Le petit rapporteur commence en 1975 : la plaisanterie durera dix-huit mois.
Jacques Martin passe ensuite sur Antenne 2. Il va pouvoir développer une nouvelle idée, celle de placer les enfants au centre de l'émission. Ceux-ci interprètent les titres de l'artiste invité. Cette idée lui serait venue lors d'un voyage en avion, alors qu'il revenait du Japon.
L'émission s'appellera "L'école des fans". Moins corrosive que "Le petit rapporteur", plus consensuelle. Jacques Martin veut tout de même en faire un programme drôle : "Si les gens rient à "l'école des fans", disait-il, c'est parce qu'un enfant, ça n'est pas bien élevé, ça dit ce que ça voit".
Dans la vie de Jacques Martin, la télévision prendra une place si importante qu'elle en laissera peu à ses autres dons. Cet ancien élève de Charles Dullin, qui commença sa carrière en tant que comédien, réussira toutefois à mettre en scène et chanter "La belle Hélène" d'Offenbach au Théâtre de Paris, en 1986.
Au printemps 1998, il est victime d'un accident cérébral, qui le laisse à moitié paralysé. Son contrat avec la chaîne France 2 s'arrête l'été de al même année.
Il s'éloigne alors de la sphère publique. En 1999, il confiera au magazine "Paris Match" ne pas s'ennuyer dans sa nouvelle vie, ajoutant "moi qui suit un homme de bruit, qui parle à des salles pleines de milliers de gens, je suis devenu amoureux fou du silence".
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(source : Directsoir n° 201 du vendredi 14 septembre 2007)
 

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