Ni euthanasie... ni suicide assisté !

Publié le par Michel Le Fouineur

(par René Poujol, directeur de la rédaction, rene.poujol@bayard-presse.com ; Pélerin.)
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Un cas récent de "suicide médicalement assisté" réalisé en Suisse sur une comédienne française, une polémique autour des circonstances de la mort de Jean-Paul II, un verdict de clémence pour l'époux meurtrier d'une vieille dame atteinte de la maladie d'Alzheimer, et voilà qu'à nouveau les médias s'enflamment pour ce qu'ils considèrent comme "le" débat de société par excellence : celui de l'euthanasie. Il est probable que les semaines à venir ne vont pas calmer le jeu. La parution d'un nouveau livre de Marie Humbert devrait être suivie, d'ici peu, de la diffusion, sur TF 1, d'un téléfilm consacré à la mort de son fils Vincent.
Ce qui choque, dans cette effervescence, c'est la complaisance des médias, notamment audiovisuels, vis-à-vis du combat de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD). A les entendre, la France, trop timorée, serait à la traîne de l'Europe ; il serait nécessaire d'ouvrir le débat sur la fin de vie et de faire enfin coïncider la loi avec la volonté populaire. Or l'opinion des Français, exprimée au travers des sondages, est d'abord le reflet d'un vrai matraquage médiatique. Dans ce débat, en effet, il est rarement fait place aux voix discordantes. Les objections de nombreux médecins et praticiens, de toutes sensibilités politiques, philosophiques ou religieuses, sont systématiquement passées sous silence. Comme si la justesse du combat pour l'euthanasie n'avait pas à être démontrée et justifiait que l'on muselle celles et ceux qui, en fait, appellent à la raison, contre le "politiquement correct" du débordement compassionnel.
Redisons-le au risque de lasser : le débat sur la fin de vie a eu lieu. Il a été tranché par la loi Leonetti, votée à l'unanimité de nos parlementaires. Elle garantit à chaque Français la dignité de sa fin de vie en lui permettant de s'opposer à toute forme d'acharnement thérapeutique. La priorité doit être désormais à l'information et à la mise en place de services de soins palliatifs. Pour le reste - c'est notamment le cas dans l'affaire Humbert - ce n'est pas d'euthanasie qu'il s'agit mais de "suicide assisté", dont les exemples européens montrent déjà les dérives possibles. Où est la véritable urgence : permettre de donner la mort ou offrir des raisons de vivre ? Fournir au corps médical un "parapluie" juridique qui le protège ou admettre avec humilité, qu'il est des questions de vie et de mort qu'il faut savoir remettre au dialogue secret qui lie, dans une même humanité, un médecin et son patient ?
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(René Poujol, directeur de la rédaction, Pélerin n° 6515 du 11 octobre 2007 ; rene.poujol@bayard-presse.com )

Publié dans opinion

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M
Quand une personne, malade incurable, qui souffre sans grand espoir d'améliorer sa fin de vie, se trouve confrontée à l'inéluctable, c'est à dire de souffrir jusqu'au bout, il me semble que la question ne se pose pas : suivant ses propres convictions, elle souhaite peut-être être aidée à mourir (ou non, selon ses croyancses...) mais cette fin de vie est probablement insupportable pour elle... ?
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