Rachida Dati, un destin d'exception.

Publié le par Michel Le Fouineur

Propulsée sur le devant de la scène comme porte-parole du candidat Nicolas Sarkozy, elle est aujourd'hui ministre du gouvernement, choisie par l'homme pour lequel elle s'est battue. Volontaire et travailleuse, cette femme d'exception s'est révélée lors de ses apparitions à la télévision.
D'une HLM de Châlon-sur-Saône aux bureaux du ministère de la Justice, de la place Vendôme, en passant par le QG du nouveau président de la République, Rachida Dati est l'exemple même de l'ascension sociale et de la réussite politique et médiatique.
Fille d'un ouvrier marocain et d'une mère au foyer algérienne qui ne sait ni lire ni écrire, Rachida Dati est la deuxième d'une famille de douze enfants. Née le 27 novembre 1965, elle grandit dans un milieu modeste de Saint-Rémy. Ses parents l'éduquent dans le respect des valeurs musulmanes, lui offrant de baigner dans une double culture. Elle a quatorze ans et c'est en vendeuse de cosmétique au porte-à-porte qu'elle entre dans la vie active. Elle sera ensuite vendeuse à Prisunic et aide-soignante dans une clinique de Dijon pour payer ses études. A la mort de sa mère, elle prend en charge, avec sa soeur ainée, l'éducation et l'insertion dans le monde du travail de ses frères et soeurs. Mais ses parents veulent la voir briller et l'encouragent à aller là où ils n'ont pas pu accéder. Chassant les déterminismes, Rachida Dati outrepasse sa condition sociale.
Son succès n'est pas arrivé par hasard. Rachida Dati a forcé le destin avec, comme meilleure arme, un CV édifiant. Après avoir passé une partie de sa scolarité en Saône-et-Loire dans un institut pour jeunes filles de la bourgeoisie provinciale encadrée par des religieuses, elle se rend à Dijon, puis à Paris où elle obtient une maîtrise en sciences économiques, puis une seconde en droit public, avant d'intégrer l'Institut supérieur des affaires. S'en suivent des postes d'audit et de contrôle de gestion, à Matra, à la Berd de Londres, et à la Lyonnaise des eaux. Elle est également conseillère technique à la direction juridique du ministère de l'Education nationale. Puis , elle reprend ses études et obtient le diplôme, en 1999, de l'Ecole nationale de la magistrature. Elle devient alors auditrice de justice au tribunal de grande instance de Bobigny, juge-commissaire aux procédures collectives au tribunal de Péronne, puis substitut du procureur de la République à la section financière du tribunal de grande instance d'Evry.
Très compétente, Rachida Dati a révélé sa personnalité : drôle, cinglante et audacieuse. Son réseau de relations, elle l'a forgé elle-même. A coups de lettres envoyées inlassablement à des contacts dont elle a minutieusement relevé les noms dans les articles de journaux depuis son adolescence. Pour décrocher un stage  à la comptabilité de Elf, Rachida Dati se fait inviter à une réception donnée à l'ambassade d'Algérie à laquelle est convié Albin Chalandon, l'ancien PDG de Elf, devenu ministre de la Justice. Son élocution et sa repartie la rendent irrésistible auprès de tous. Rachida Dati est convaincue, convaincante, habitée par ses certitudes. Elle sait faire comprendre à son interlocuteur qu'elle est indispensable à sa carrière. En 1989, elle rencontre Jean-Luc Lagardère lors d'un gala où sa soeur est récompensée par la Fondation de la vocation. Elle confie à l'homme d'affaires sa très grande admiration. Il lui financera son MBA. Rachida Dati approche également Marceau Long, vice-président du Conseil d'Etat, qui lui ouvre les portes de la bibliothèque du Conseil et influera sur tous ses choix de carrière, lui conseillant de passer les concours du barreau pour acquérir une certaine légitimité. Jacques Attali qui lui confie un siège au conseil d'administration de son ONG PlaNet Finance déclare à son sujet : "Rachida Dati est une femme très rare. Fragile, sincère, intégre, inconsciente de sa propre valeur, infiniment dévouée aux autres, dans une extrême simplicité. Un de ces êtres d'exception, qui transforme le monde par leur présence et dont on se félicite tous les jours d'avoir la chance d'en croiser au moins un dans une vie." De la même manière, elle se lie à Simone Veil, qui lui offre sa robe de magistrate le jour de sa prestation de serment. Grâce a ses rencontres, Rachida Dati se crée un réseau qui la propulse à des postes à responsabilités.
Certains lui reprochent son opportunisme, mais son ambition décomplexée va de paire avec une détermination avouée, au service du refus de tout immobilisme. A force d'acharnement et de travail, elle a su transcender sa position sociale et ne s'en cache pas.
Déçue par une gauche qui n'a pas su tenir ses promesses envers les immigrés et acquise à l'idée que l'on n'est pas forcément de gauche quand on est issu de l'immigration, elle écrit à Nicolas Sarkozy. Il représente l'ambition, la détermination et la force de caractère qu'elle admire tant. Elle propose ses services dès l'entrés de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur en 2002. Il accepte de la rencontrer, il lui donne sa chance. Elle devient l'une de ses conseillère.
Dès son arrivée, elle force le respect de ses confrères en planchant sur des dossiers techniques. Chargée du projet de loi "prévention de la délinquance" et des relations avec les quartiers dits sensibles, Rachisa Dati a pour mission de redorer l'image de son patron auprès de la population des banlieues dans le contexte embrasé des émeutes de 2005 qui avaient donné l'occasion à Nicolas Sarkozy d'employer le terme "racaille". Elle organise la journée Portes ouvertes place Beauvau le 13 décembre 2005 et crée l'association Bleu Blanc Rouge à Argenteuil (Val d'Oise). Dans les quartiers, on l'écoute. Son action est déterminante. Pari réussi, elle suivra Nicolas Sarkozy dans sa charge de ministre des Finances à Bercy. Mais c'est Cécilia Sarkozy qui, la première, a vu en Rachida Dati les talents de porte-parole. Le dimanche 14 janvier 2007, soir même de la nomination de Nicolas Sarkozy au poste de candidat de l'UMP à l'élection présidentielle, Rachida Dati est nommée porte-parole officielle du parti. A ses débuts, son élocution s'essouffle rapidement. Lors de sa première conférence de presse tenue de concert avec Xavier Bertrand, lui aussi porte-parole de l'UMP, Rachida Dati se fait discréte. Elle corrigera ce problème rapidement grâce aux séances d'entraînement que lui dispense Jean-Claude Narcy, ancien de TF1. Rachida Dati devient alors la nouvelle coqueluche des médias, qui remarquent sa combativité et son parcours atypique. On ne peut pas ignorer que son statut de femme, ses origines maghrébines et défavorisées arrivent à point nommé dans la campagne. On dira que Rachida Dati est issue de la discrimination positive : elle est femme et, en outre, Maghrébine. Au point que, quelques semaines plus tard, en février, le parti socialiste n'hésite pas à imiter le choix de Sarkozy en nommant comme porte-parole Najat Belkacem, jeune femme marocaine de 29 ans. Or Rachida Dati ne se veut pas porte-parole des minorités, mais bien représentante de l'UMP face à tous les Français. Elle ne peut être cantonnée à un simple rôle de représentation.
Pendant toute la campagne présidentielle, Rachida Dati travaille activement auprès de Nicolas Sarkozy. Atout supplémentaire : elle passe très bien à la télévision. Son sourire et son sens de la repartie font merveille. Elle répand sa parole, s'attardant sur les sujets qui lui tiennent à coeur, comme la lutte contre les violences faites aux femmes, la protection des mineurs, les études dirigées pour les élèves des collèges et lycées.
C'est ainsi qu'en quelques mois, Rachida Dati s'est rendue populaire et indispensable. Elle incarne la modernité et le renouveau du parti, et devient le symbole de la génération Sarkozy. Ultime étape de cet impressionnant parcours : Rachida Dati a été nommée garde des sceaux dans le gouvernement de François Fillon. C'est évidemment le choix du président Sarkozy. Ses premières actions devraient être la mise en place de peines plancher pour les délinquants multirécidivistes, l'abaissement de la majorité pénale à 16 ans, et une réforme de la justice suite à la commission Outreau. Fulgurant parcours...
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(Directsoir n° 154 du lundi 21 mai 2007)

Publié dans personnage

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