Bruno 1er, roi de Syldavie.

Publié le par Michel Le Fouineur

Sa voiture est floquée aux couleurs de la boucherie Sanzot et il édite de (faux) timbres de Syldavie. A la rencontre d'un dentiste qui joue à la roulette.
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Pour le moins, un original. Bruno Catherinet (56 ans), dentiste à Avricourt (Moselle-Lorraine), se promène avec des santiags bleues. "Je les aies achetées à Paris. Comme Mickey Rourke". Mais bon, son blason, il le porte sur le coeur. Sous la forme d'un T'shirt à l'effigie du capitaine Haddock. Dans la brochette des tintinophiles, Bruno Catherinet détonne, il ne collectionne rien. Il crée en prenant bien soin de ne pas s'attirer les foudres de la vigilante Fondation Hergé.
En octobre dernier, il a ainsi floqué sa camionnette aux couleurs de la boucherie Sanzot. L'adresse, le numéro de téléphone. Rien à voir cependant avec celle qui roule durant quelques cases de "L'Affaire Tournesol". Son Express ne ressemblera jamais au combi Volswagen qui ramasse l'étourdi savant sur le bord de la route. Mais tout de même... "Je n'en connais pas d'autres dans le genre". Il pointe tout de même un regret : "Finalement, les gens se retournent très peu. De Tintin, on connait la fusée à damiers. Mais, derrière, il reste beaucoup à défricher".
Peu importe, chez lui, la passion a décollé il y a un paquet d'années. "Je savais à peine lire que j'avais déjà le nez dans un Tintin". Et puis les années ont passé. Au service militaire, il se plonge dans la littérature réservée aux spécialistes. "Je me suis alors intéressé à la profondeur de l'oeuvre, aux ressorts de la création"... Qu'il s'est progressivement mis à détourner. "Parce que je vis dans le monde de la farce", s'excuse-t-il dans un sourire. Il a ainsi réalisé du papier à l'en-tête du Consulat de Syldavie ("Le sceptre d'Ottokar"), du Centre de recherches atomiques ("Objectif Lune" et "On a marché sur la Lune") et des frères Loiseau, les antiquaires véreux vus dans "Le Secret de la Licorne" et "Le Trésor de Rackham le Rouge". Le dentiste aime jouer à la roulette, ressentir le frisson du risque. Il raconte : "Chaque fois qu'un ami part en vacance, je lui donne une enveloppe à mon nom avec, imprimé dessus, de faux timbres à mon effigie : "Bruno 1er, roi de Syldavie". La plupart du temps, elle arrive sans taxe. J'ai déjà reçu du courrier d'Indonésie, de Suisse, du Danemark". Un gentil clin d'oeil de faussaire plongé aux racines du travail du dessinateur. Il explique : "Hergé aimait beaucoup donner de fausses pistes. Dans "Le sceptre d'Ottokar", il traduit la devise de la Syldavie ("Eih blennek eih blavek") par "Qui s'y frotte s'y pique". En fait, il s'agit d'une fausse traduction.  La devise est en marolien, un vieux dialecte bruxellois. Elle signifie 'J'y suis, j'y reste" ". Et quand vous y serez, n'oubliez pas d'envoyer du courrier...

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(source : est magazine du dimanche 20 mai 2007)

Publié dans bandes dessinées

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