Le paradis céleste existe-t-il ?
(par P. Christian Delorme, prêtre à Lyon)
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Eliane, 70 ans, a été perturbée en regardant un film récemment diffusé à la télévision qui retrace l'avènement de l'homme moderne, lequel n'aurait commencé à échapper à l'état quasi-animal que depuis environ 30 000 ans. Elle m'écrit : "Après cela, comment continuer à croire dans le récit des débuts de l'humanité du Livre de la Genèse ? Et si le paradis terrestre évoqué dans la Bible comme milieu d'origine de l'homme est "incroyable" au sens fort, comment croire au "paradis céleste" supposé être le rétablissement du premier ? Celui-ci n'est-il pas, lui aussi, un mythe ?" Eliane souligne une difficulté rencontrée par les croyants : celle de l'interprétation du langage mythique employé par certains récits de la Bible. Il est manifeste, en effet, que les rédacteurs de la Bible ont emprunté aux cultures de leur temps des fables populaires anciennes qui tournaient autour de l'origine de monde et de l'homme. Mais ces constructions fabuleuses qu'on appelle "mythes" ne sont pas de simples oeuvres d'art sans aucune valeur de vérité. Elles sont au contraire l'expression de la réalité profonde de la vie humaine et on peut relever leur caractère universel. Car beaucoup de cultures ont en commun le mythe d'un âge d'or où, à ses débuts, l'homme vivait heureux dans un jardin merveilleux : le paradis. Pourquoi les rédacteurs de la Bible ont-ils alors repris cette conception des origines de l'humanité ? Probablement parce qu'ils voulaient proclamer que Dieu a créé le monde bon et que le Créateur n'a jamais cessé de vouloir le bonheur pour l'homme. Cette promesse de bonheur retrouvé dans un paradis céleste, quand l'homme sera parvenu à la fin de ses tribulations terrestres, apparaît peu avant l'ère chrétienne dans les écrits juifs appelés "intertestamentaires" : Livre des Jubilés, Livre d'Esdras, Livre d'Enoch. Et Jésus lui-même l'énonce au moment où il meurt sur la croix, quand il dit au "bon larron" : "Aujourd'hui, tu seras au Paradis avec moi" (Lc 23, 43). Même si, tout au long de sa mission, Jésus a préféré parler de la venue du "Règne de Dieu" ou du "Royaume de Dieu".
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(source : Pélerin n° 6494 du 17 mai 2007)