La Thiérache à la reconquête des haies.

Publié le par Michel Le Fouineur

Restaurer le bocage pour contrer l'érosion des sols, donner à la biodiversité une chance de reprendre ses droits, développer une filière "bioénergie" : retour en arrière pour un grand saut en avant.
L'action se déroule en Thiérache, microrégion rurale située au nord-est de l'Aisne et adossée à la Belgique. Un territoire encore zébré, il y a cinquante ans, d'un vrai bocage : des lignées de charmes, de saules, de sureaux et de noisetiers séparaient les prés et traçaient des herbages de 2 à 3 hectares, bordés de chemins creux. Puis les cultures de betteraves, de maïs et de céréales ont provoqué l'arasement des haies et la création de parcelles de 20 à 40 hectares.
Mais la nature a pris sa revanche. Depuis 1982, pas moins de 400 arrêtés de catastrophe naturelle ont été pris dans la région, suite à des coulées de boue et à de graves inondations. D'où la réaction des élus locaux qui, sur 159 communes de Thiérache regroupant 76000 habitants, ont décidé de restaurer une partie du bocage pour contrer le ruissellement des eaux et l'érosion des sols. Leur chance : un groupe d'agriculteurs ultra motivés et des aides de l'Union européenne, auxquelles s'ajoutent des subventions de la région Picardie et des communautés de communes.
- A raison de 15 km replantés cette année et 30 km en 2008, on atteindra vite les 100 km de haies, précise Stéphanie Cornier, qui pilote l'opération pour le syndicat mixte du Pays de Thiérache.
- Ce reboisement, réagit Ludovic de Vliegger, agriculteur dans le village d'Housset, j'y pensais depuis la canicule de 2003, qui a tant fait souffrir mes moutons à la recherche de fraîcheur sous les derniers bosquet et arbres esseulés dans les pâtures. Du coup, avec mon épouse et deux de mes enfants, nous venons de replanter 730 m de haies. Elles ne feront pas que de l'ombre à mon troupeau. Brise-vent, piège à nitrates, élément de lutte contre l'érosion : elles sont un bel atout agronomique, sans parler de la reconquête du paysage bocager qu'on n'aurait jamais dû détruire et de la production d'énergie renouvelable.
La Thiérache développe, en effet, une filière "bois-énergie" avec l'installation, chez les particuliers et dans les bâtiments collectifs, de nombreuses chaudières à bois déchiqueté, qui représente un réel débouché pour les coupes en copeaux de bois de haies.
- Le paysage bocager acquiert ainsi une vraie valeur économique, se réjouit Stéphanie Cormier.
Quant à Claude Lefèvre, maire de Vigneux, il attribue une autre fonction aux haies : elles sont un abri qui permet aux perdrix, aux cailles et à d'autres oiseaux de repeupler enfin les plaines de l'Aisne, où les immensités céréalières sont de nouveau égayées de longues bandes boisées de charmes, de frênes, de saules et de sorbiers mêlés. Dans ce paysage, biodiversité rime avec beauté.
(source : B.F. ; Pélerin n° 6500 juin 2007)

Publié dans patrimoine

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