Société - La culture, un droit pour tous.
A Marseille, Alain, passionné de théâtre, milite pour le partage de la culture.
- Mieux qu'un acteur associatif ou un spécialiste du social, Alain a su tisser des liens entre des mondes qu'on croit souvent éloignés, parce qu'il s'appuie non pas sur de grands discours, mais sur un vécu personnel et son amour des gens, commente Zora Berriche, assistante aux actions artistiques au théâtre du Merlan, à Marseille. Rencontrer Alain, c'est partager, en effet, sa curiosité pour cette vie qu'il trouve "si belle" alors qu'elle ne l'a pas toujours épargné (cancer, invalidité, obligation d'abandonner son métier d'aide-soignant). Mais Alain lui est reconnaissant d'avoir placé sur son chemin une passion, et plus, un vrai talent. Depuis plusieurs saisons, il fréquentait en spectateur le théâtre implanté au coeur des quartiers Nord quand la direction lui a proposé de participer avec d'autres "seniors" à un spectacle de Thierry Thieû Niang, chorégraphe invité en résidence. Pendant des mois, il a donc participé aux répétitions, jusqu'à cette représentation donnée conjointement avec les enfants d'une école d'un quartier populaire de Marseille. Sur scène, passé le trac, Alain a tout oublié. Ses kilos, ses médicaments, et la fatigue qui le gagne parfois. Tout, sauf l'émotion qu'il avait ressentie, en 1968, à 20 ans, lorsque la dramaturge Ariane Mnouchkine était venue dans son foyer de jeunes travailleurs, à Paris, donner une représentation. Mû par cette même conviction que la culture ne doit pas être élitiste, et surtout par le plaisir neuf de danser, et danser encore, Alain a accepté de participer à deux autres spectacles de Thierry Thieû Niang, joués à Marseille et en région parisienne. Mieux : il a su convaincre deux habitants de son foyer, un chômeur et un électricien, de venir régulièrement avec lui découvrir de nouvelles chorégraphies et autres pièces de théâtre.
- Ce n'est pas parce qu'on a des difficultés d'argent que la culture doit passer à l'arrière-plan, plaide-t-il.
D'ailleurs, un press-book en main, il commence à contacter les comités des fêtes de la région et se propose de monter un spectacle de danse contemporaine avec des personnes en situation d'exclusion. Son but : les amener à découvrir leur potentiel de création et gagner la reconnaissance des autres.
D'ailleurs, un press-book en main, il commence à contacter les comités des fêtes de la région et se propose de monter un spectacle de danse contemporaine avec des personnes en situation d'exclusion. Son but : les amener à découvrir leur potentiel de création et gagner la reconnaissance des autres.
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(par Denis Peiron, journaliste à la Croix, pour Résistances 2007)