Cuba, dans l'ombre de Fidel.

Publié le par Michel Le Fouineur

La Havane, vieille dame à la peau tannée par un demi-siècle de révolution castriste mais aussi d'embargo imposé par les Etats-Unis, ne s'émeut pas facilement derrière ses façades lézardées. Certes, la dictature finissante de Fidel Castro a ses farouches détracteurs. Certains n'hésitent pas à parler haut et fort du manque de perspectives dont souffrent les habitants de l'île. Pourtant, les partisans de la révolution sont encore nombreux qui soutiennent leur vieux leader et soulignent les avantages sociaux dont bénéficient même les plus pauvres. Le quotidien, lui, relève souvent du casse-tête dès qu'il s'agit de se procurer les marchandises de première nécessité. En 1991, le naufrage du grand frère soviétique avait installé une pénurie durable. Depuis peu, la courbe de croissance économique est de nouveau à la hausse, notamment grâce au "boum" touristique ; et les relations nouées avec les pays voisins - Venezuela, Bolivie, Equateur, Nicaragua et Brésil - ont contribué à briser l'isolement de l'île autant qu'à l'approvisionner en denrées jusqu'ici fort rares. En outre, avec le concours de l'Union européenne - Espagne en tête, - et des instances internationales, le gouvernement s'est attelé à la restauration des plus beaux joyaux architecturaux. La tâche est immense. Les fruits de cette embellie n'ont cependant guère amélioré le quotidien de la majorité des Havanais. Mais pour quelques-uns les "bénéfices" de l'afflux des touristes commencent à se faire sentir : quoique fortement taxé, le développement de milliers de "casas particulares", ces chambres d'hôtes en ville, génère depuis peu un timide embryon de classe moyenne. Reste que la conversion au libéralisme et la reprise en main du pays par les Cubains exilés à Miami sont deux hypothèses qui provoquent immanquablement une levée générale de boucliers, jusque dans les rangs des opposants au régime. Des réformes ? Tout le monde y aspire, mais personne n'ose trop y croire, du moins tant que flottera l'ombre de Fidel Castro. En attendant, les belles voitures américaines des années 1950 circulent comme si de rien n'était sur la grande avenue de Malecon battue par les vagues. Et le coeur de La Havane, derrière ses stéréotypes, continue de battre.
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(source : Pélerin n° 6496 du 31 mai 2007)

Publié dans villes villages pays

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