Identité française - Pas toujours gaulois, nos ancêtres !

Publié le par Michel Le Fouineur

Transmettre une histoire nationale commune à des élèves d'origines différentes, c'est le rôle délicat que tiennent, au quotidien, les professeurs d'histoire.
Pas toujours facile d'être professeur d'histoire au lycée. Si l'enseignant aborde la guerre d'Algérie et évoque les harkis - ces Algériens qui ont choisi la France -, il peut arriver qu'un élève d'origine algérienne, dont le grand-père aura peut-être combattu pour l'indépendance du pays, lance "harkis, collabos, traîtres". Dur à entendre pour l'enfant ayant un grand-père harkis... Et si le professeur évoque la Shoah lors d'un cours sur la Seconde Guerre mondiale, il peut arriver qu'un jeune d'origine africaine se plaigne qu'on ne parle pas assez des millions de victimes de la traite négrière. Une attitude provocatrice, mais qui peut aussi être le symptôme d'une incapacité des élèves et des enseignants à se retrouver autour d'une histoire commune.
- Les élèves ne doivent pas pouvoir dire : "Cette histoire n'est pas la nôtre", si l'on ne veut pas qu'ils puissent dire "Ce pays n'est pas le nôtre", alors même qu'ils sont tous Français, souligne François Durpaire, professeur d'histoire et auteur de Enseignement de l'histoire et diversité culturelle. Son collègue Benoît Falaize, chargé d'études à l'institut national de recherches pédagogiques (INRP), fait le même constat :
- Le mythe de "nos ancêtres les Gaulois" permettait une identification à la collectivité. On peine à construire un discours de remplacement.
C'est pourtant bien le rôle des enseignants que d'assumer la dimension civique et même morale du métier, proclamée dans les textes officiels pour le secondaire : transmettre un savoir, mais aussi former des citoyens.
- L'une des finalités de l'histoire scolaire est de permettre aux élèves de s'identifier dans les valeurs positives qui fondent la société, rappelle François Dupaire.
Selon lui, les enseignants devraient mieux tenir compte des origines des élèves. Il ne s'agit pas de raconter "l'histoire de l'Afrique à la communauté noire, l'histoire du Maghreb aux jeunes d'origine maghrebine ou l'histoire du duché de Bretagne aux Bretons", insiste-t-il, mais d'évoquer, par exemple, les tirailleurs sénégalais lors d'un cours sur la guerre de 1914-1918, ou l'empire du Mali lors d'un cours sur la colonisation de l'Afrique.
- Quand on ouvre le récit à la diversité, affirme François Durpaire, on crée de l'unité nationale, surtout lorsque le récit est valorisant.
Le 22 octobre 2007, le gouvernement emploiera un autre moyen pour intéresser les élèves : on lira en classe de Seconde la lettre d'adieu du Guy Môquet, résistant de 17 ans, l'un des vingt-sept fusillés de Châteaubriant (Loire-Atlantique). A condition de pouvoir remettre l'événement dans son contexte et de ne pas se limiter à un récit émotionnel, Hubert Tison, secrétaire général de l'Association des professeurs d'histoire et de géographie, n'y est pas hostile.
- Les jeunes ont besoin de héros. Il vaut mieux Guy Môquet, ou encore Nelson Mandela, que tels héros de la télévision ou même Oussama Ben Laden comme on a pu le voir après les attentas de 2001, souligne-t-il.
De Guy Môquet aux tirailleurs, les prétendants à la succession de Vercingétorix seront nombreux au XXIe siècle.
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(source : F.N., Pélerin n° 6515, 11 octobre 2007)

Publié dans patrimoine

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